lundi 13 février 2012

Mélenchon et la révolution citoyenne

(Cet article n'engage que son auteur)

Mercredi soir,  8 février, Parc des expositions, Montpellier. Jean-Luc Mélenchon fait face à une foule de drapeaux rouges. Le candidat du Front de Gauche à l'élection présidentielle, gonflant les muscles tel un conquérant, est accueilli par la ferveur populaire. Précédé par les discours de Christian Picquet, porte parole de la gauche unitaire, et de Martine Gayraud, une des dirigeantes du parti communiste, Mélenchon utilise son art oratoire pour enflammer la salle de partisans déjà conquis: "Prennez la parole, ne suppliez pas qu'on vous la donne ! Prennez la! Prennez le pouvoir!". A ses mots, la foule s'émulsionne, et lui de continuer sur une touche d'humour: "Voilà qu'on peut de nouveau parler de lutter contre le capitalisme sans que trop de monde s'évanouisse".
Mais si personne ne peut lui contester son talent d'orateur, qu'en est-il du fond de son intervention?
Mélenchon en meeting, c'est plusieurs personnages.
Un anti-Le Pen primaire et viscéral. Une stratégie visant à répondre à la vague médiatique mettant depuis quelques temps constamment en parallèle Mélenchon et son adversaire d’extrême-droite. Si cet épisode du meeting (accentuée par le visionnage de deux films et la présentation de 3 livres contre Marine Le Pen) se place plutôt entre justification et démagogie, l'autre partie de son discours paraît plus intéressante sur le plan programmatique. 
Mélenchon, c'est un conteur, un artiste du story-telling. Il en a fait la preuve mercredi par ses belles histoires. Tout d'abord, l'histoire des origines du drapeau rouge, une histoire partisane, chargée de motiver la foule. Mais également une histoire plus touchante, plus sentimentale. Celle d'un homme qui lui aurait donné une lettre le matin même, l'aveu d'un cinquantenaire, déçu par la droite et touché par Mélenchon, par l'homme et son programme.
Mélenchon, c'est aussi un ancien professeur de français qui a la fibre pédagogique. Tel l'instructeur éclairant ses élèves, il a fait un cours à l'assistance sur l'extrême-droitisation des droites européennes et sur la nécessité de s'opposer au traité sur le mécanisme européen de stabilité financière qui sera voté à l'assemblée le 21 février prochain et qui, selon lui, serait les prémices d'un autre traité préparé pour début mars. Il explique sa vision des choses: Ce traité rendrait impossible de voter le budget de l'Etat sans présentation de son projet et sans l'autorisation de la commission, ce qui, en somme, reviendrait à une perte de la souveraineté populaire. Ainsi, Mélenchon lance un appel au peuple afin d'empêcher la ratification du traité du 21 février au congrès de Versailles ce qui, dit-il, contraindrait le président Sarkozy à organiser un référendum.
Plus que ce traité, il dénonce le traité de Lisbonne de 2007 dont il compte sortir pour en "venir à une autre Europe, l'Europe sociale". Sur ce point, il lance un appel au peuple allemand lequel aura à élire son président en octobre 2013: "Si nous ouvrons la brèche, ils s'engouffreront dedans. Nous aurons une réponse du peuple allemand".
Le candidat prend ensuite ensuite le temps de décliner les autres points importants de son programme: la création d'écoles, le recrutement d'instituteurs (sans donner de chiffres), la création de 200 000 logements sociaux par an.
Un programme qu'il résume en une phrase, avec force: "Il faudra partager, de gré ou de force!".
Pour clôturer sa prestation, Mélenchon et son équipe, en coeur avec la foule, entonnent deux chants symboliques. L'Internationale d'abord, poing levé, puis, la Marseillaise que René Revol*, qualifié de "frère" par Mélenchon, entonna, ici aussi, le poing levé. Un signe, une symbolique, comme pour annoncer que le Front de Gauche porte une nouvelle vision de la France.

Théophraste Freiheit


* René Revol est maire de Grabels et membre fondateur du Front de Gauche.

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